Announceur: Bonjour et bienvenue au balado Discutons marchés, un balado TDAM Talks. Ce balado explore en profondeur l’intersection des esprits et des marchés dans le monde des placements en explorant des thèmes et des points de vue d’experts au sein de discussions dynamiques. L’animateur de l’épisode d’aujourd’hui, Naoum Tabet, discute avec Hussein Allidina de l’impact des véhicules électriques sur le marché.
Naoum : L’évolution du prix des produits de base a de nombreuses répercussions sur nos vies. C’est pourquoi il est important de nous informer sur le sujet. Et ces répercussions se font ressentir sur nos dépenses, sur le marché boursier et surtout, elles façonnent le paysage géopolitique. Nous constatons un changement important dans le comportement des consommateurs, avec l’avancée de la décarbonisation.
Nous discuterons des répercussions sur les prix des produits de base ainsi que d’autres impacts. J’aimerais commencer par vous souhaiter la bienvenue à Discutons marchés. Je suis Naoum Tabet, directeur général à GPTD et votre hôte aujourd’hui. Mon invité est un spécialiste du secteur des produits de base. Bienvenue à Hussein Allidina, chef, Produits de base, GPTD.
Hussein, merci beaucoup de vous joindre à moi aujourd’hui.
Hussein : Merci de m’avoir invité, Naoum.
Naoum : Hussein, ma première question concerne la variation du montant que je dépense à la pompe ces dernières années. Mais plus sérieusement, je voudrais mieux comprendre ce qui entraîne le prix du pétrole. Il a des répercussions sur les cours boursiers et les écarts de taux des obligations des sociétés du secteur de l’énergie, de l’automobile et de l’aviation. Et n’oublions pas aussi l’impact énorme sur les frais de fabrication et de transport.
Depuis la pandémie de COVID-19, nous avons vu le prix du pétrole fluctuer entre 110 $ et 20 $. Ce sont des fluctuations massives. Ce que je veux savoir, c’est quels sont les facteurs qui ont contribué à cette fluctuation.
Hussein : Naoum, de façon générale, les prix des produits de base sont déterminés par l’intersection de l’offre et de la demande. Vous avez tout à fait raison de dire que nous avons constaté une volatilité des prix du pétrole au cours des deux ou trois dernières années. La croissance économique a aussi été extrêmement volatile. Donc. On a les prix du pétrole en avril 2020, peu après le monde s’est arrêté, en tout cas aux États-Unis, et les prix du WTI étaient négatifs.
N’est-ce pas? Brièvement. Et vous avez tout à fait raison. En 2021 et 2022, les prix étaient supérieurs à 100 $ le baril. Durant la période de COVID-19, la demande a diminué, c’était sans précédent, on a connu une contraction très soudaine de la demande. Et, bien sûr, l’offre n’est pas élastique. Elle ne réagit pas immédiatement. Ensuite, il y a eu l’invasion de l’Ukraine par Poutine, on s’inquiétait beaucoup du risque de perdre des volumes importants de pétrole brut provenant du marché maritime, ce qui ne s’est finalement pas réalisé.
Donc. La production en Russie est restée résiliente. Le pays a trouvé des façons de contourner les sanctions. Et les sanctions n’ont peut-être pas été appliquées aussi rigoureusement qu’on le pensait. On a aussi assisté à une libération de réserves stratégiques de pétrole aux États-Unis suite à cette peur d’une perturbation potentielle. Encore une fois, le prix d’un produit de base dépend de l’offre et de la demande, on a constaté une forte volatilité ou dispersion de la demande.
Et c’est ce qui a entraîné la variabilité que vous voyez à la pompe quand vous faites le plein de votre Escalade.
Hussein : Voyez-vous des problèmes d’offre/demande à l’avenir ou quelles sont vos perspectives à court terme pour le pétrole? Pour les 12 prochains mois, voire un peu plus.
Oui, bien sûr. Tout d’abord, le point de départ, c’est que les stocks ont considérablement augmenté ces dernières années. Pour ce qui est de la situation actuelle, les stocks globaux n’ont pas été aussi serrés depuis très longtemps. Si on regarde les prévisions consensuelles de l’offre et la demande pour 2024, on devrait voir les stocks augmenter légèrement au cours de l’année.
Cela signifie probablement que le pétrole restera dans cette fourchette, entre 70 $ et 90 $ le baril. Je ne pense pas qu’on tombera sous la barre des 70 $ le baril, même avec les modestes augmentations de réserves prévues, compte tenu des stocks serrés, et de ce qui serait une réaction en termes de production aux États-Unis, en particulier suite à une faiblesse des prix.
En même temps, Naoum, je ne pense pas qu’on verra une croissance de la demande assez importante en 2024 pour faire grimper les prix au-dessus de 90 $ le baril. L’OPEP dispose aussi d’une capacité excédentaire. Le resserrement du marché s’explique en partie par le retrait volontaire de l’OPEP de barils du marché. Et si on assiste à une perturbation de l’offre ou à une hausse-surprise de la demande, elle peut remettre des barils sur le marché.
On devrait donc avoir une fourchette étroite en 2024. Mais je pense que les stocks resteront limités, ce qui maintiendra les courbes prospectives du pétrole brut en situation de déport ce qui, bien sûr, est excellent pour les investisseurs en produits de base.
Naoum : Pour ce qui est des produits de base en général et des répercussions de la décarbonisation sur la consommation de certains de ces produits, et peut-être plus en ce qui concerne les combustibles fossiles, y aura-t-il une incidence sur le prix du pétrole attribuable à cette tendance à la décarbonisation?
Hussein : Il y a deux choses auxquelles nous devons réfléchir. D’une part, le souhait de décarboniser et de délaisser les hydrocarbures décourage les investissements du côté de l’offre. Si vous regardez les prix du pétrole aujourd’hui et le rendement du capital utilisé aujourd’hui pour les sociétés productrices de pétrole, on s’attendrait à ce que ces dernières investissent davantage dans les sols, ce n’est pas le cas.
Pas vraiment. Et je pense que cela reflète les préoccupations à l’égard des facteurs ESG ainsi que des idées erronées, à mon avis, sur la rapidité à laquelle nous allons délaisser le pétrole comme forme d’énergie. Du côté de la demande, nous observons une substitution des véhicules MCI (moteurs à combustion interne), des véhicules combustibles, des moteurs à combustion vers les véhicules électriques. Mais malgré la croissance remarquable qu’on constate dans ce domaine, cela reste marginal. …
Naoum : Il n’y a pas longtemps, je lisais un papier sur la croissance des véhicules électriques, 350 millions de véhicules électriques devraient être sur les routes d’ici 2030. Ça semble énorme, quand j’ai lu ça et que j’en ai parlé autour de moi, ça semblait insensé pour tout le monde. Puis je me suis renseigné. C’est un chiffre qui a été généré par l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie, qui indique qu’on aura tous ces véhicules… évidemment, c’est une prévision… en circulation d’ici 2030.
Hussein : Je sais que vous avez commencé là-dessus… mais pour aller un peu plus loin, du point de vue des produits de base, évidemment la tendance à la décarbonisation est en cours, mais tous ces véhicules ont besoin de batteries. Tous ces véhicules ont besoin d’un réseau électrique, de bornes de recharge. Comment ces facteurs influeront-ils sur le prix des produits de base?
Oui, il y a deux problèmes distincts. Je pense que nous n’abandonnons pas assez rapidement les véhicules MCI. En revanche, je pense à l’offre et à la pénurie d’investissements…
Naoum : pouvez-vous clarifier ce qu’est un véhicule MCI?
Hussein : Désolé, c’est un véhicule à moteur à combustion interne. Vous savez, MCI et VE. Vous avez des moteurs combustibles, la Ford F-150 que je conduis est dotée d’un moteur combustible et la Tesla de ma femme est électrique. Alors que nous délaissons les véhicules combustibles au profit des véhicules électriques, la demande d’électricité va augmenter et cela produira une forte demande en cuivre, aluminium, nickel, non seulement parce qu’on a besoin de ces matériaux dans le VE…
La Tesla de ma femme contient beaucoup plus de cuivre, malgré le fait qu’il s’agit d’un plus petit véhicule, que ma F-150. Mais on va aussi avoir besoin de cuivre, d’aluminium et d’acier pour bâtir l’infrastructure de production d’électricité. On peut discuter de quelle sera la source de cette production d’électricité. Est-ce qu’il s’agira du nucléaire? Du gaz naturel?
Est-ce que ce sera l’énergie solaire, l’énergie éolienne, etc.? Quelle que soit la source, il faudra une capacité de production intermédiaire. Les lignes de transport d’électricité d’Hydro-Québec vers votre maison, Naoum, devront être aménagées et élargies pour répondre à cette charge de puissance accrue. C’est très positif pour les métaux. Pas tous, en particulier le cuivre, l’aluminium, le nickel, moins le zinc et d’autres.
Mais du côté de l’énergie, du côté de l’énergie traditionnelle, je crains que la demande ne se contracte pas ou que nous n’abandonnions pas les véhicules électriques assez rapidement par rapport à une offre très faible. N’oubliez pas que nous sortons d’une période d’exploitation de 10 ans. Nous avons exploité les investissements faits dans le dernier supercycle. Nous n’avons pas encouragé la production supplémentaire de produits de base au cours des dix dernières années.
Et aujourd’hui, indépendamment du niveau des prix, nous ne voyons pas les investissements. Je pense que c’est à cause, comme je l’ai dit, de pensées erronées quant à la rapidité à laquelle nous allons abandonner les énergies fossiles. Je vais vous ennuyer un instant, Naoum. La consommation de pétrole à l’échelle mondiale est de plus de 100 millions de barils par jour, et les deux tiers dans le secteur des transports.
Il faut en parler. C’est la question que tout le monde se pose. Oui. Et oui, malgré la croissance des ventes de VE, cela représente peut-être 20 % des ventes totales à l’échelle mondiale. Oubliez les stocks, le nombre de voitures dans le parc est beaucoup moins élevé. Aujourd’hui, 20 % des ventes sont des VE, ce qui signifie que 80 % consomment toujours de l’essence, du diesel, etc.
Et je m’inquiète du fait que nous n’allons pas nous éloigner assez rapidement du besoin en pétrole. Et, bien sûr, la pression que cela exerce sur les métaux nous rend très optimistes pour les métaux.
Naoum : Donc, par rapport aux métaux et en supposant que nous puissions arriver à ce nombre de véhicules et que la production augmente et que tout le monde ait un VE dans son garage, on peut tous attester que par le passé, et même aujourd’hui, l’accès au pétrole était et demeure une source importante de problèmes ou de discordes entre de nombreux pays et nations. Des guerres ont éclaté.
Des alliances ont été forgées grâce au pétrole. J’ai lu récemment que les opérations de production et de traitement pour bon nombre des minerais utilisés dans la production de batteries et dans l’expansion du réseau électrique sont très concentrées dans des régions et des pays spécifiques. Le système est-il à risque ou vulnérable à des perturbations ou y a-t-il une possible augmentation de conflits géopolitiques?
Premièrement, est-ce que ce que je dis est pertinent? Qu’en pensez-vous?
Hussein : Oui, tout à fait. Prenons par exemple la concentration de la production de pétrole, on entend souvent dire qu’on est très dépendant de pays, de régions qui ne sont pas nécessairement favorables aux pays occidentaux. À mesure que nous délaissons la consommation d’énergie traditionnelle pour adopter les énergies renouvelables, qui nécessitent ces métaux et ces minéraux essentiels, la production de certains de ces produits est encore plus concentrée.
Et le raffinement, la conversion de ces minerais en consommables sont encore plus concentrés, et encore une fois, dans des endroits qui ne sont pas nécessairement favorables aux pays occidentaux. La transition ne devrait donc pas être simple, n’est-ce pas? La transition sera difficile. Une fois que nous serons en mesure de le faire, nous devrons nous soucier de la sécurité de l’approvisionnement, sans doute encore plus qu’aujourd’hui.
Je pense qu’il y aura des efforts pour accroître la production dans l’OCDE. Et on pourrait se retrouver avec des chaînes d’approvisionnement en double. C’est possible. Mais aujourd’hui, si on regarde où se trouvent ces minerais et, surtout, leur raffinement est largement concentré en Chine, on pourrait concentrer davantage les risques dans cette zone.
Naoum : Donc, pour résumer, nous avons peut-être des perceptions erronées sur le fait que le pétrole sera beaucoup moins utilisé dans un proche avenir. Les prix du pétrole pourraient baisser, ce qu’on ne peut pas expliquer, ainsi que cette réflexion simple sur l’élargissement du réseau électrique, cela engendre des problèmes.
Évidemment, ces problèmes sont liés à la concentration de la production et du traitement, que nous devons surveiller de près. Vous savez, Hussein, on pourrait parler de ce sujet pendant des heures, mais j’aimerais vous revoir parce que je veux vraiment discuter de la protection contre l’inflation avec vous. Beaucoup de nos clients posent des questions à ce sujet, ils aimeraient comprendre pourquoi et comment les plus grandes caisses de retraite utilisent les produits de base pour gérer le risque d’inflation.
Mais on réserve cela pour une autre rencontre et un autre sujet. Merci beaucoup d’avoir été des nôtres aujourd’hui et merci à tout le monde d’avoir participé à ce balado.
Hussein : Merci de m’avoir invité.
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